Depuis la mise en place du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) et l’émergence de leurs rapports d’évaluation du système climatique global, l’altération des paramètres physico-chimiques environnementaux est une certitude.
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Actuellement, la concentration en dioxyde de carbone (exprimée en pression partielle pCO₂) est estimée à 400 µatm, qui correspond à un pH dans l’environnement marin de 8.
Selon les projections du GIEC, la pCO2 de l’océan de surface atteindra des valeurs de 1 200 µatm d’ici 2100, ce qui entraînera (entre autres) une diminution importante du pH de l’eau de mer (pH estimé à 7,6). Ces variations des propriétés physico-chimiques des eaux de surface du globe entraînent une fragilisation des écosystèmes marins.
Une acidification des océans
En effet, la modification des paramètres des océans (réchauffement, acidification, hypoxie, salinité) peut avoir un impact sur les fonctions physiologiques des organismes aquatiques, tributaires des variations de leur milieu. Les poissons sont particulièrement sensibles aux variables environnementales qui peuvent générer des modifications de leur comportement et de leur fonctions physiologique (croissance, alimentation, maturation, reproduction).
L’étude des effets du changement global à long terme sur la physiologie des poissons fait l’objet de nombreux projets de recherche au sein du LEMAR-Ifremer (Laboratoire des sciences de l’Environnement MARin et Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), qui a acquis une expérience significative sur l’étude des effets de l’acidification des océans, spécifiquement en étudiant le bar. L’exposition de poissons marins aux conditions environnementales prévues pour le futur proche est essentielle pour évaluer les capacités physiologiques d’acclimatation des organismes aquatiques et ainsi appréhender la vulnérabilité de ces populations.
Le bar européen (Dicentrarchus labrax), est une espèce modèle idéale pour des études expérimentales en milieu contrôlé. Il cumule en effet plusieurs caractéristiques intéressantes : espèce d’intérêt commercial (aquaculture et pêche), ayant fait l’objet de nombreuses études permettant de capitaliser un grand nombre d’informations sur sa physiologie, biologie et écologie. La connaissance de cette espèce (croissance, reproduction, cycle de vie) et sa facilité d’élevage permettent d’appréhender, au laboratoire, les effets et conséquences de modification de paramètres environnementaux (température, pH, nourriture, oxygène) sur ses fonctions physiologiques aux différentes étapes de son cycle de vie.

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The Conversation, 22 May 2022. Full article.