Le rôle potentiel de l’océan dans l’action climatique (in French)

Face à l’insuffisance des efforts mondiaux d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour maintenir le réchauffement global « bien en-dessous de 2 °C » (en 2100, par rapport à la période préindustrielle) et ainsi favoriser l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations unies, il est critique, aujourd’hui, de relever l’ambition politique tant en matière d’atténuation que d’adaptation des écosystèmes et des sociétés. Dans cette perspective, ce Document de propositions pose la question des opportunités offertes par l’océan pour soutenir l’action climatique internationale. L’océan joue un rôle déterminant dans la minimisation du changement climatique d’origine anthropique (en termes d’absorption de la chaleur atmosphérique et du CO2), mais au prix de répercussions importantes sur son fonctionnement chimique et physique : réchauffement, acidification, désoxygénation et élévation du niveau de la mer. Cela a bien entendu des implications, déjà détectables, sur les écosystèmes et les services écosystémiques. À la fois victime et acteur, quel est le potentiel de l’océan et de ses écosystèmes pour limiter les causes du changement climatique et ses conséquences ? Ce Document de propositions résume les principales conclusions de l’Ocean Solutions Initiative1, qui a évalué le potentiel de 13 mesures fondées sur l’océan.

L’Ocean Solutions Initiative, un groupe de 18 experts internationaux des océans, a évalué le potentiel de 13 mesures fondées sur l’océan, tant à l’échelle globale que locale), pour limiter trois transformations majeures liées au climat (le réchauffement, l’acidification et l’élévation du niveau de la mer) et pour minimiser les impacts négatifs de ces bouleversements sur les écosystèmes marins et côtiers (récifs coralliens, mangroves et marais salants, herbiers marins, plantes et animaux arctiques) et sur les services écosystémiques qui leurs sont associés (pêche et aquaculture des poissons et bivalves, et protection du littoral). Cette évaluation repose sur une analyse de la littérature scientifique la plus récente, et sur 8 critères : l’efficacité potentielle de la mesure (en supposant sa mise en œuvre théorique maximale), sa maturité technologique, le délai nécessaire d’ici à sa pleine mise en œuvre, la durée des bénéfices recherchés, les co-bénéfices, les effets collatéraux négatifs, le rapport coût-efficacité, et la gouvernabilité d’un point de vue international.

QUELLES SONT LES OPTIONS ?

La Figure 1 montre les quatre grands types de mesures2 proposées pour réduire l’ampleur et les effets du changement climatique. Les deux premières – appelées ici « mesures globales » – visent à réduire les émissions de GES ou à renforcer leur élimination à long terme de l’atmosphère, en mettant l’accent sur le CO2, ou encore à limiter les radiations solaires pour « éviter la surchauffe ». Les deux autres types de mesures – ci-après « mesures locales » – ont pour objectif de limiter les impacts locaux du changement climatique, en réduisant soit les perturbations in situ de la chimie et de la physique de l’océan (acidification et réchauffement à l’échelle d’un site, ou l’élévation relative du niveau de la mer), soit la sensibilité des organismes et des écosystèmes à ces perturbations.
Lutter contre les causes du changement climatique renvoie à la réduction des concentrations de GES dans l’atmosphère et comprend cinq mesures « globales » fondées sur l’océan. (1) Les énergies renouvelables marines renvoient à la production d’énergie électrique à partir du vent (éoliennes offshore) ou de l’océan lui-même (marées, houles, courants, stratification thermique). (2) La restauration et la conservation de la végétation côtière renforcent certains écosystèmes (principalement les marais salants, les mangroves et les herbiers marins) et évitent les émissions induites par leur dégradation. La végétation – tout comme l’alcalinisation (voir plus bas) – est évaluée à la fois dans une perspective globale et locale car elle peut être déployée, respectivement, soit en tant que composante d’une stratégie globale d’atténuation, soit pour réduire la sensibilité des écosystèmes et des services marins à l’élévation relative du niveau de la mer et à l’acidification des océans. (3) La fertilisation consiste à ajouter du fer soluble dans les eaux de surface afin d’augmenter artificiellement la production primaire et, par conséquent, l’absorption de carbone par le phytoplancton. (4) L’alcalinisation est l’ajout de substances alcalines dérivées de minéraux terrestres, de sources de produits chimiques de synthèse ou encore de produits de la mer disponibles localement (par exemple des coquillages morts), qui consomment du CO2 et/ou neutralisent l’acidité. (5) Les méthodes hybrides terre-mer incluent l’utilisation de l’océan et de ses sédiments pour stocker la biomasse, le CO2 ou l’alcalinité provenant de sources terrestres (par exemple le stockage en mer du CO2 provenant de la bioénergie terrestre ou la capture directe du CO2 dans l’air), ainsi que des techniques telles que l’utilisation de plantes marines comme combustibles pour l’énergie issue de la biomasse avec captage et stockage du carbone à terre.

Magnan A. K., Billé R., Bopp L., Chalastani V. I., Cheung W. W. L., Duarte C. M., Gates R. D, Hinkel J., Irisson J.-O., Mcleod E., Micheli F., Middelburg J. J., Oschlies A., Pörtner H.-O., Rau G. H., Williamson P. & Gattuso J.-P., Institut du développement durable et des relations internationales, 2018. Policy Brief.


Subscribe

Search

  • Reset

OA-ICC Highlights

Resources


Discover more from Ocean Acidification

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading