Le réchauffement climatique vu du fond de la rade à Villefranche (in French)

Quelles seront les conséquences de l’acidification inéluctable des mers et océans? Des chercheurs européens mènent une expérience coordonnée par le laboratoire d’océanographie de Villefranche

Nos arrière-petits-enfants pourront-ils encore déguster des huîtres et des moules ? Rien n’est moins sûr, à en juger par le taux d’acidification grandissant des mers et océans. Ce phénomène, inquiétant à l’échelle planétaire, témoigne du dérèglement climatique déjà engagé. Encore mal connu, il fait l’objet actuellement d’une étude européenne coordonnée par Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), université Pierre-et-Marie-Curie.



L’eau de mer est de plus en plus acide

Industrie, transports, énergie… En consommant des énergies fossiles – pétrole, gaz, charbon – l’activité humaine renvoie dans l’atmosphère une quantité phénoménale de dioxyde de carbone : 200 millions de tonnes par jour ! La moitié de ce CO2 reste en suspension, contribuant au réchauffement climatique. Un quart de ce gaz est dissous par la forêt. Le dernier quart est absorbé par les océans. Mais si cette séquestration dans les abysses limite l’action des gaz à effet de serre, elle contribue aussi à acidifier l’eau de mer. Et pas qu’un peu : + 30 % depuis le début de l’ère industrielle (à partir de 1850). Et les modèles projetés par les scientifiques prédisent +150 % d’ici à la fin de ce siècle ! « Tout cela provoque un bouleversement rapide de la chimie de l’eau », note Jean-Pierre Gattuso.

Si le pire n’est pas certain, la situation est préoccupante, et pas seulement pour les huîtres et les moules. Car si l’acidité de l’eau continue à grimper, quantité d’organismes marins ont du souci à se faire. Comme les ptéropodes, minuscules escargots vivant dans les eaux de l’Arctique, qui servent de nourriture aux saumons. Que le pH de l’eau (mesure de l’acidité ou de la basicité) augmente, et ils ne pourront plus fabriquer leurs coquilles en calcaire, armure indispensable à leur vie. S’ils disparaissent, quel sera l’impact sur le saumon, puis sur toute la chaîne alimentaire ?

Protéger la planète

« Ce ne sera pas la fin du monde, mais la fin d’un monde tel que le nôtre aujourd’hui », assure le coordonnateur du projet.

A contrario, d’autres organismes marins ayant besoin du CO2 pour leur croissance (algues, plantes) seront favorisés par cette acidification. Ils risquent même de proliférer, là aussi avec des conséquences sensibles sur l’environnement.

Les expériences de l’équipe du CNRS devraient permettre de dire jusqu’à quel point est supportable l’acidification des océans. Pour transmettre les informations aux hommes politiques, afin que ceux-ci prennent des mesures pour protéger notre planète.

Nice Matin, 10 July 2012. Article.


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