Les océans sous acide

Vision. 150 scientifiques ont signé la «Déclaration de Monaco», dénonçant les effets désastreux des émissions massives de gaz carbonique sur la biodiversité marine.


«Un énorme défi aux responsables politiques mondiaux.»

Des défis, ce n’est pas cela qui manque sur l’agenda des chefs d’Etat. Mais les océanographes réunis en symposium à Monaco, fin janvier, en ont ajouté un de plus : le risque de voir la vie océanique gravement affectée par les émissions massives de gaz carbonique. Ces dernières changent le climat et réchauffent les eaux, mais provoquent également l’«acidification» de ces dernières, en raison de l’augmentation de la teneur en gaz carbonique de l’air.



Cette crainte a certes été évoquée depuis plusieurs années. Des recherches ont été engagées, des résultats de mesures publiés, mais, jusqu’à présent, les océanographes n’avaient pas produit d’expertise collective sur ces travaux. C’est fait, par le biais d’un texte intitulé Déclaration de Monaco, signé par 155 scientifiques du monde entier, considérés comme les meilleurs spécialistes de cette question.

Cette déclaration constitue un «tournant», souligne Jean-Pierre Gattuso, du laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer (CNRS, université Pierre et Marie Curie), et coordinateur du Projet européen sur l’acidification de l’océan.

«Certitudes». Ce tournant, résume-t-il, c’est d’abord l’affirmation de «plusieurs certitudes qui font désormais consensus dans la communauté scientifique concernée». La première, qui n’avait rien d’évident, c’est que «l’acidification a commencé et qu’elle est mesurée». L’acidité de l’océan mondial a augmenté de 30 % depuis le XIXe siècle. Un changement trois fois plus important et cent fois plus rapide que toute modification de ce type depuis 21 millions d’années, d’après les scientifiques.

La seconde certitude, insiste Gattuso, c’est que ce processus va s’accélérer, puisque «la trajectoire actuelle des émissions de gaz carbonique est supérieure à la plus élevée envisagée par les récents rapports du Giec» (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). La troisième certitude, c’est que la majorité des organismes marins à coquille semblent affectés négativement, même si quelques-uns réagissent à l’inverse positivement. Au total, conclut James Orr (laboratoire de l’environnement marin de l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique) : «La chimie des océans joue un rôle si essentiel, et les changements qui l’affectent sont si rapides et si graves, que leurs effets sur les organismes semblent désormais inévitables.»

Sylvestre Huet, Liberation.fr, 17 February 2009. Full article.

1 Response to “Les océans sous acide”


  1. 1 Jean-Pierre Gattuso 20 February 2009 at 18:39

    The title of this article is unfortunate because, despite the process of ocean acidification, the oceans are alkaline and will not become acidic (pH lower than 7) even in the distant future.


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